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20 janv. 2014

Corinne LEPAGE "Les gaz de schiste, même combat que les OGM…"

La question du gaz de schiste est en passe de devenir en Europe un sujet de même nature que celui des OGM et pour les mêmes raisons.
Face à des lobbys extrêmement puissants, trouvant leur source aux États-Unis mais relayés par des intérêts économiques et certains Etats en Europe, les populations, globalement, rejettent l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste en raison des conséquences extrêmement lourdes pour l'environnement.
Depuis de longs mois, une bataille oppose au sein du Parlement européen, pro et anti gaz de schiste. Le Parlement européen s'est prononcé en défaveur d'un moratoire qui existe dans certains Etats membres notamment la France et l'Allemagne, mais en revanche en faveur d'un encadrement strict de l'exploration et de l'exploitation du gaz de schiste dans les pays qui ont décidé d'y recourir. Le Parlement s'est prononcé en faveur d'une étude d'impact obligatoire tant pour l'exploitation que pour l'exploration, pour un régime de responsabilité et pour un régime d'assurance. En effet, puisque les partisans du gaz de schiste estiment que l'exploration comme les exploitations se font sans aucun dommage pour l'environnement, ne posent aucun problème en terme d'eau, que les fuites de méthane sont négligeables, que les produits chimiques utilisés sont innocents, ils ne devraient avoir aucune difficulté avec un régime juridique qui prévoit une étude d'impact et un système de responsabilité.
Curieusement, et là aussi, l'analogie avec les OGM est patente, le lobby pro gaz de schiste se bat contre toute réglementation et semble être en passe de l'emporter devant une commission dont les décisions tournent de plus en plus le dos aux souhaits des Européens. Tout se passe en effet comme si Monsieur Barroso et ses amis libéraux avaient décidé de faire le maximum pour que les mouvements populistes fassent le meilleur score possible aux élections européennes.
En effet, alors que le commissaire européen Potocnik avait proposé une législation, la commission semble s'orienter vers une simple recommandation donnant lieu à une notation des Etats membres en fonction de leur respect plus ou moins grand desdites recommandations. Bien évidemment aucune sanction juridique n'est prévue en cas de non-respect de ces recommandations ce qui signifie que la santé et l'environnement des populations sont abandonnés au bénéfice de quelques grands lobbys soutenus par quelques Etats à commencer par la Grande-Bretagne qui, depuis quelques mois, multiplie les prises de position anti environnementales, peut-être sous l'emprise de grandes entreprises françaises comme EDF ou Total...
La publication récente par le Guardian et surtout par European Voice des interventions anglaises pour influencer la Commission et le double langage tenu par M. Cameron critiqué par les associations anglaises sont édifiants. Ce comportement rejoint celui de la Pologne, championne jusque-là du lobby pro gaz de schiste et pro charbon qui l'a conduite à saboter délibérément la conférence sur le climat de novembre dernier.
Quoiqu'il en soit, le retrait de la Commission sur la proposition du commissaire à l'environnement témoigne une fois encore des dérives d'une Commission qui a oublié tout sens de l'intérêt général. Car on peut penser que le gaz se schiste est utile - ce n'est pas mon avis mais j'admets ce point de vue. En revanche, comment considérer qu'est justifié par l'intérêt général, le refus de garantir l'évaluation préalable et les conséquences éventuellement négatives pour les populations ! Il ne s'agit évidemment que de l'intérêt des exploitants. Dans ces conditions, la Commission se déconsidère et déconsidère par la même occasion les institutions européennes qui n'en n'ont vraiment pas besoin dans le climat eurosceptique actuel.
 

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