Le congrès CAP21 du 1er juin 2013 a ré-élu Corinne Lepage à la présidence du mouvement présidente et élu 4 vice-présidents.
Je reproduis ci-après, le texte de Benoît Petit, vice-président en charge du projet, qui clarifie la ligne de CAP21.
A l'issue du Congrès de CAP21 le 1er juin 2013, j'ai été élu Vice-Président du mouvement en charge du projet. Après une année de "retrait" des instances nationales de mon parti, j'ai ainsi accepté de reprendre du service, avant tout parce que le départ de l'ancien Président délégué (Eric Delhaye) et ses amis, ceux qui incarnaient l'aile "droite" du parti, partisans d'une association avec l'UDI de Jean-Louis BORLOO, redonnait des perspectives de développement sur le fond et l'action qui ont tant manqué à Cap21 depuis les Présidentielles.
Ces départs sont les bienvenus. Il nous faut avoir le souci de la cohérence vis-à-vis des valeurs que nous avons toujours défendues depuis notre création. Or ces valeurs ne sont pas celles de la droite, telle qu'elle se présente aujourd'hui dans son discours et ses combats. Nous ne sommes pas des individualistes. Nous n'acceptons pas le libéralisme dérégulé. Nous nous opposons au moralisme religieux. Nous défendons une certaine idée, ambitieuse, du service public et de l'intérêt général. Nous n'admettons pas qu'au nom de la compétitivité, il conviendrait de casser le modèle social, comme si la performance économique (et encore, uniquement celle des grands groupes) devait primer sur toutes les autres performances, sociales et environnementales en tête. Non ! Résolument non ! Nous ne partageons pas les valeurs de la droite, ni celles de ceux qui, sous couvert d'afficher un discours plus modéré, annoncent malgré tout leur soutien automatique aux conservateurs et aux ultra-libéraux.
Sommes-nous pour autant de gauche ? La question mérite d'être posée, et j'apporte là ma réponse personnelle.
Mon propos n'est pas de présenter Cap21 comme un parti Hollandolâtre, ni comme une UDI de gauche, qui serait soumise au diktat d'un Parti socialiste qui peine à trouver sa cohérence doctrinale entre son aile social-démocrate d'une part, et son aile anti-capitaliste d'autre part.
Bien au contraire, je fais le constat, comme beaucoup, que le gouvernement actuel et plus largement les socialistes déçoivent parce qu'ils refusent d'engager les réformes structurelles qui sont pourtant absolument nécessaires au redressement de ce pays : réformes démocratiques (non cumul des mandats, proportionnelle, vote blanc...), réformes sociales (régime unique de Sécurité sociale, promotion de l'Economie sociale et solidaire, développement des marchés d'emploi de l'env-économie et de l'économie des services solidaires....), réformes économiques (défense des travailleurs indépendants, promotion de la RSE et de l'ISR, reconnaissance réelle de la consom'action...), réformes environnementales (énergies renouvelables, relance rurale, transports, agriculture de proximité...)... la liste des enjeux systémiques qui restent sans réponse est, chaque jour, de plus en plus consternante, alors même que nous avons soutenu, en mai 2012, que le changement était pour maintenant (donc hier).
Il reste que malgré toutes ces déceptions, toutes ces colères parfois même contre la majorité présidentielle (celle à laquelle j'appartiens du fait de mon vote en 2012), mon engagement politique reste inscrit à gauche. Non pas la gauche des partis, mais la gauche des idées. Je suis solidariste, ce qui implique que je crois que l'Economie de marché, pour peu qu'elle soit régulée à partir des valeurs de la République et d'une conscience certaine des questions sociales et environnementales, est une opportunité incroyable de développement soutenable. Je suis convaincu de la nécessité de construire, dès aujourd'hui et à côté d'un Etat providence à repenser, cette "Economie sociale et solidaire de marché" qui nous fait tant défaut.
Cette gauche que je défend, n'est pas celle des autres gauches, qui veulent détruire le système économique dans lequel nous évoluons. Elle n'est pas cette gauche qui place le travailleur et ses représentants au-dessus de tous les autres membres de la société. Elle n'est certainement pas cette gauche qui veut concentrer toutes les forces de progrès dans l'Etat, contre le Marché, parce que le Marché serait a priori le Grand Léviathan immonde qui manipule les masses vers leur asservissement. Ma gauche est celle qui se fonde sur une idée simple : "l'Homme naît débiteur de l'association humaine". Elle soutient les initiatives privées, mais les unit dans la considération et la responsabilité des autres.
C'est ainsi ainsi que je conçois mes nouvelles responsabilités au sein des instances nationales de Cap21. Démontrer, par notre projet, que la droite, la gauche, le centre et les écologistes d'aujourd'hui se trompent tous, parce qu'ils sont soit entravés par des logiques électoralistes dénués de sens sociétal, soit (et c'est pire) aveuglés par des dogmes idéologiques hérités du 20e siècle.
Je veux, pour Cap21, que l'on bâtisse ce grand parti de l'Economie sociale et solidaire, où le mutualisme, l'Education sociale, la RSE sont au coeur de toutes nos propositions. Je veux inscrire notre projet dans l'idée d'une réconciliation entre l'Etat Providence et le Marché sociétalement responsable, parce que nous avons besoin de l'un et de l'autre, de l'un avec l'autre. Je veux que nous défendions la solidarité contre le liberalisme, la Laïcité contre les moralisme religieux, la proximité contre la globalisation, le pluralisme contre le bipartisme, l'intérêt de la société contre les intérêts corporatistes où qu'ils se trouvent. Je veux que la conscience environnementale ne soit pas un dogme, mais l'un des ressorts d'innovation économique qui nous garantira une production intelligente de richesses.
Alors oui, je considère que Cap21 est, et doit s'affirmer comme un parti de gauche. Mais pas cette gauche d'aujourd'hui, vestige cabossée et ragoutante du 20e siècle, qui refuse les réformes structurelles au nom des dogmes d'hier, ou parce qu'elle a peur de froisser ses alliés électoraux. Cap21 est un parti de gauche, la gauche du 21e siècle, cette gauche qui n'existe pas encore et dont il nous appartient d'être les Pères fondateurs.
Utopique comme perspective ? Peut-être... il reste que de tout temps, les gauches de notre Histoire ont toujours su transformer les utopies du présent en réalités pour l'avenir. Et c'est bien parce que je crois en cette dynamique de métamorphose sociétale que, justement, je suis de... gauche !
Source : Blog Chroniques solidaristes de Benoît Petit, vice-président de CAP21 - 9 juin 2013
MJ THOUVENEL: je suis d'accord et partage les propos de Benoît: " Non pas la gauche des partis, mais la gauche des idées. Je suis solidariste, ce qui implique que je crois que l'Economie de marché, pour peu qu'elle soit régulée à partir des valeurs de la République et d'une conscience
RépondreSupprimercertaine des questions sociales et environnementales, est une opportunité incroyable de développement soutenable.Droite, gauche, centre et écologistes d'aujourd'hui se trompent tous, parce qu'ils sont soit entravés par des logiques électoralistes dénués de sens sociétal,
soit (et c'est pire) aveuglés par des dogmes idéologiques hérités du 20e siècle. "